Ateliers Montessori cycle 3
On parle beaucoup de la pédagogie de Maria Montessori (qui remet l’élève au centre de l’enseignement, et donne plus une place d’observateur que de précepteur à l’enseignant) en maternelle, et au début du primaire. Mais l’utilité et la place qu’elle peut avoir pour des élèves plus agés est beaucoup moins traitées dans les ressources disponibles en ligne pour enseignants et parents d’enfants scolarisés à domicile.
Pourtant, il est tout à fait possible de l’adapter et de la mettre en place dans les classes de collèges, mais aussi de lycée, ce qui est d’ailleurs fait dans de nombreux établissement de cycle 3 estampillés « Montessori ». Prenez un cours de géographie classique dispensé à des élèves de CM2. Il est en réalité très facile de le transformer en un atelier Montessori cycle 3 en étudiant les îles, lacs, volcans, mers, montagnes, baies, etc. du monde entier grâce à un matériel pédagogique concret.
Donnez à vos élèves une carte du monde pour chaque notion avec les noms indiqués qu’ils devront retenir, puis une autre sans ces mêmes noms, qu’ils devront retrouver et inscrire eux-mêmes, et vous transformez un cours linéaires durant lesquels les élèves restent passif en un atelier interactifs où ces derniers sont autonomes et peuvent s’auto-corriger et évaluer leur progression sans l’aide d’un adulte.
Les professeurs enseignant dans des établissements Montessori, ou même ceux ayant fait le choix d’insérer des ateliers Montessori cycle 3 dans leur classe savent l’intérêt pédagogique qu’ils représentent, mais aussi le bonheur et la soif de connaissance (acquises par soi-même) qu’ils inspirent aux élèves. Si vous êtes vous aussi intéressé par cette méthode d’enseignement et sa transposition au cycle 3, voici quelques pistes de réflexion, ainsi que des exemples concrets d’ateliers.
Quel est l’intérêt de transposer la méthode Montessori à des classes de cycle 3 ?
La pré-adolescence peut être une période difficile pour les élèves, mais aussi pour le personnel enseignant et les parents. Et malheureusement, l’enseignement traditionnellement prodigué en fin de primaire ne semble pas répondre de manière efficace à cette crise de l’adolescence, qui peut avoir un impact négatif sur l’apprentissage et le développement personnel. Au mieux, il permettrait de la contrôle. Conflits en classe, ennui profond pour un enseignement passif, désintérêt pour les études et les perspectives qu’elles offrent : la rupture entre étudiants et professeurs est très marquante pendant ce cycle 3 et peut entrainer un cercle vicieux de violence, fugue, dépression et même harcèlement scolaire.
La réponse apportée par Maria Montessori à ce constat d’échec scolaire relativement complexe est pourtant simple. Ces difficultés s’expliquent selon elle par le fait que les pré-adolescents, qui connaissent une période pleine de questionnements et de changements, ne reçoivent pas à l’école ce dont ils ont réellement besoin. Elle répond donc à cette incompréhension entre les aspirations et les difficultés que peuvent rencontrer les élèves de 9 à 11 ans avec un système éducatif rigide et incapable de s’adapter de façon très originale.
Comment transposer la pédagogie Montessori en CE2, CM1 et CM2 ?
Comme toujours avec la méthode Montessori, le déclic passe toujours par une approche radicalement différente adoptée par l’enseignant (qui passe du précepteur, à un rôle d’observateur), et une bonne préparation des ateliers Montessori cycle 3 et de l’environnement de travail.
Contrairement à ce qui peut être observé dans les classes montessoriennes de maternelle ou de début de primaire, où les ateliers sont souvent individuels afin de favoriser l’apprentissage, de permettre à chacun de suivre son rythme, mais aussi pour éviter le chahut en classe, la pédagogie durant le cycle 3 mise beaucoup plus sur le collectif. Même si l’autonomie qui peut être offerte aux élèves de 9 à 11 ans est plus grande, ils ne peuvent pas encore résoudre tous les problèmes seuls.
Et pour leur permettre d’apprendre par eux-mêmes, et par la même occasion de limiter l’intervention du professeur, il est intéressant de s’appuyer sur le groupe. L’idée est donc d’offrir des ateliers qui puissent être abordés et résolus en groupe, grâce à la coopération des élèves (et la confrontation de leurs idées, la mise en commun de leurs forces).
C’est une approche relativement logique, quand on y pense, puisqu’elle prépare les jeunes à une situation de travail classique qu’ils rencontreront à la fin de leurs études, et qui permet de les sortir d’une démarche passive d’absorption de nouveaux savoirs académiques.
Trouver sa place en tant qu’enseignant
La petite difficulté que peuvent rencontrer les enseignants qui ne sont pas habitués à la méthode Montessori est de trouver leur place. Si le rôle d’observateur est plus facile à adopter en maternelle et en début de primaire (ou la remise en cause de l’autorité de l’adulte est nulle, ou très faible), celle de l’éducateur dans le contexte du cycle 3 est plus délicate. Il faut en effet se défaire de la figure d’autorité classique du professeur (ou du parent), sans tomber dans l’écueil du copain.
En préparant et mettant en place les ateliers Montessori cycle 3 dans votre classe, vous prendrez plus le rôle du passeur, d’intermédiaire, ou même, comme le disait Maria Montessori elle-même, du mentor (un terme que l’on retrouve beaucoup dans le secteur pro). Vous servirez donc plutôt de guide, en introduisant de nouveaux ateliers, et de nouvelles connaissances, et en restant en retrait jusqu’à ce qu’un élève sollicite votre aide.
Exemples d’ateliers Montessori cycle 3 : quel contenu et comment les mettre en place ?
Avant de mettre vos ateliers en place (et en vous inspirant des exemples de contenu présentés plus bas), retenez les principes suivants :
- Insistez sur les ateliers collectifs, mais ne négligez pas pour autant les exercices individuels pour ne pas retarder les élèves les plus à l’aise, et permettre à ce qui seraient « en retard » (même si cela n’a pas de sens pour la pédagogie montessorienne) de combler leurs lacunes.
- Instaurez l’entre-aide entre vos groupes d’élèves : préserver le principe selon lequel le plus instruit explique aux novices. On préserve ainsi le principe selon lequel les plus experts expliquent aux plus novices.
- N’hésitez pas à monter des projets professionnels ou humanitaires pour les préparer aux études supérieures et à la vie d’adulte.
- Favoriser la manipulation (comme pour les cycles 1 et 2) dans l’apprentissage : en français, on trie les symboles et les mots dans des boites. En mathématique, les théorèmes sont expliqués avec des formes géométriques de couleur ou en 3D, etc.
Atelier n°1 : Géographie
La géographie est une des matière les plus simple à transposer en ateliers montessori cycle 3. Vous pouvez par exemple préparer des cartes à l’avance et demander aux élèves d’y placer des drapeaux avec le nom des montagnes, des fleuves, des mers et océans, etc. Les élèves devront travailler seuls et s’auto-corriger sans aide de l’enseignant.
Atelier n°2 : Mathématiques
La pédagogie Montessori peut facilement s’adapter au programme mathématique du cycle 3. Après avoir travaillé les grands nombres, on passe à la prochaine étape logique : les comparer, les ranger, les encadrer avec des cartes à pince (ou cartes à choix). L’élève prend une carte et la place sur le signe de comparaison qui convient avec les 2 nombres indiqués sur la carte. Il lui suffira de retourner la carte pour se corriger.
Atelier n°3 Devenir élève
Pour favoriser l’intégration et la participation de vos élèves à la vie de classe, et les imprégner de leur rôle (actif d’élèves) vous pouvez organiser un atelier sur une demi-journée où ils devront rédiger un nouveau règlement d’intérieur, voter les différents articles et prévoir des sanctions, mais aussi des mesures incitatives pour encourager son respect.
Atelier n°4 : Se préparer à la vie d’adulte
Pour cet atelier, pensé pour être mis en place en groupe, proposez un projet associatif à relever en équipe de 4 à 5, sur un temps long qui sera partagé sur une matinée par semaine pendant 4 à 5 semaines, selon la complexité du sujet choisi.
Vous pouvez par exemple demander à vos élèves de présenter un projet associatif pour répondre à un problème qu’ils ont pu constater dans leur ville (les animaux abandonnés, ou les personnes sans abri), de donner un nom à leur association, et de proposer une action pour résoudre la situation.
Le but est de les faire réfléchir à un sujet de la vie civique et d’y apporter une réponse pratique, de confronter leur opinion, trouver une place dans un groupe (selon leurs affinités et leurs compétences) et de travailler en équipe.